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Types spirituels
d'Abū Bakr et d'Omar

 

A l'occasion de la bataille de Badr, première confrontation décisive entre l'Islām et ses adversaires, 70 polythéistes périrent, 70 autres furent prisonniers et 13 musulmans moururent.

Le Prophète Muhammad - sur lui la prière et le salut - s'en revint à Médine avec le butin pris sur les polythéistes et les 70 prisonniers de guerre. Il décida de solliciter le conseil d'Abū Bakr sur le sort de ces prisonniers et lui demanda :

- " Qu'en penses-tu, ô Abū Bakr ? "

- Celui-ci répondit : " Il s'agit de ton peuple, des fils de ton oncle maternel. Si tu les tues, ils iront en Enfer ; mais si tu les relâche contre rançon, peut-être que Dieu les incitera à embrasser l'Islām et ce que tu auras pris d'eux constituera un raffermissement pour les musulmans et une force d'appoint pour le combat contre leurs ennemis ".

Puis le Prophète - sur lui la prière et le salut - se tourna vers Omar et lui dit :

- " Qu'en penses-tu, ô Abū Hafs ? "

- Et celui-ci de répondre : " Tu as devant toi les chefs des polythéistes et leurs héros, alors coupes-leur la tête et Dieu ne manquera pas, de par Ses bienfaits, de pourvoir aux besoins des musulmans. "

C'est alors que l'Envoyé de Dieu - sur lui la prière et le salut - se tournant vers Abū Bakr, fit la réflection suivante :

" Ton semblable (mathalu-ka, c'est-à-dire ton type spirituel), ô Abū Bakr, d'entre les anges est l'ange Michel (sur lui la paix), car il ne descend sur terre qu'avec la miséricorde (al-rahmah). Et ton type spirituel, d'entre les prophètes, est Abraham (Ibrāhīm - sur lui la paix), lorsque celui-ci s'exprima, selon la Parole coranique, en ces termes :
"Qui me suivra, fera partie des miens ; et pour qui me désobéira, Tu es Celui qui pardonne tout et qui est très miséricordieux. " (Coran 14, 36).

Mais ton type spirituel (mathalu-ka) c'est aussi celui de Jésus ('īsā - sur lui la paix), quand celui-ci s'exprima, selon le Coran, en ces termes : " Si Tu les châties, ils sont néanmoins Tes serviteurs ; et si Tu leur pardonne, c'est Toi qui est, en vérité, le Tout-Puissant, le Sage. " (Coran 5, 118).

S'adressant ensuite à Omar, le Prophète - sur lui la prière et le salut - lui dit : " Ton pareil ou type spirituel (mathalu-ka) parmi les anges est Gabriel (sur lui la paix), car il descend avec le châtiment et la rigueur (bi al-'adhâbi wa al-shiddah). Et ton type spirituel d'entre les prophètes est Noè (Nūh - sur lui la paix), quand il s'écria :
" Mon Seigneur ! Ne laisse pas sur terre aucun habitant d'entre les incrédules " (Coran 71, 26). Tu as également le type spirituel de Moïse (Mūsâ - sur lui la paix), lorsqu'il s'écria contre Pharaon et les siens : " Notre Seigneur ! Anéantis leurs richesses et endurcis leurs coeurs, afin qu'ils ne croient pas jusqu'au moment où ils verront le châtiment douloureux. " (Coran 10, 88).

Cependant la question du butin et des prisonniers de guerre n'était pas pour autant réglée. En effet, après avoir consulter ses deux compagnons au sujet du sort des captifs, le Prophète - sur lui la prière et le salut - avait penché pour l'opinion d'Abū Bakr, à savoir relâcher les prisonniers contre rançon. Mais le demain, quand Omar rendit visite à l'Envoyé de Dieu, il le trouva en compagnie d'Abū Bakr en train de pleurer. Omar lui s'écria : "O Envoyé d'Allâh, qu'est-ce qui te fait pleurer ?"


Il répondit : "Je pleure à cause de ce qui est survenu à tes compagnons du fait de leur prise de la rançon". C'est-à-dire en raison de la révélation divine des versets suivants:

"Il n'appartient pas à un prophète d'avoir des captifs, tant que, sur la terre, il n'a pas complétement réduit à sa merci les incrédules. Vous voulez les biens de ce bas monde, mais Dieu veut, pour vous, la vie future, car Dieu est Tout-Puissant et Sage. N'était-ce une prescription de Dieu ayant été décidé au préalable, un terrible châtiment vous aurait touché à cause de ce dont vous vous êtes emparés." (Coran 8, 67-68).

Il fut également rapporté que le Prophète - sur lui la prière et le salut - s'écria à cette occasion : " Si un châtiment avait été envoyé du ciel, nul n'en aurait réchappé, excepté Omar, car il fut le seul à ne pas interrompre le combat (lam yatruk al-qitâl)".

Il faut préciser, cependant, que le butin ne faisait pas l'objet de doute ou de contestation, mais il s'agissait plutôt de résoudre la question des captifs alors que la guerre n'était point finie, comme l'atteste les versets précédents et celui qui suit :

"Mangez donc, de ce que vous avez pris comme butin, ce qui est bon et licite. Craignez Dieu ! Dieu en vérité est Tout-Pardonnant et Très-Miséricordieux." (Coran 8, 69).

Mais Dieu dit la Vérité et c'est Lui qui dirige sur le droit chemin.

 


v.1.2 2003-02-02

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